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http://www.gazetteinfo.fr/2012/06/19/lalcool-les-ados-de-verre-en-verre/
De nos jours, les rapports des jeunes avec l’alcool évoluent. Les adolescents boivent différemment et surtout de plus en plus jeune. Elsa Massabie, médecin coordinateur de l’Adosphère, centre de recueil et de soins réservé aux adolescents à Dijon, revient sur ce sujet pour GazetteINFO.fr.
GazetteINFO.fr : Quels sont les rapports des adolescents avec l’alcool aujourd’hui ?
Elsa MASSABIE : Les dernières études montrent que le premier produit dit « toxique » expérimenté par les jeunes est l’alcool. Le premier lieu d’expérimentation est la famille qui donne la première coupe de champagne à Noël par exemple. C’est culturel en France.
Le mode de consommation a-t-il évolué avec le temps ?
On se rend compte aussi que le mode de consommation change puisqu’on a de plus en plus d’ivresse chez les jeunes. Ces ivresses touchent en majorité les garçons, mais aussi de plus en plus les filles. On a un rapport de deux tiers-un tiers en ce qui concerne les ivresses. L’âge de la première ivresse a aussi tendance à baisser. Le nombre de moins de 15 ans qui arrivent aux urgences en état d’ivresse importante augmente. Les garçons sont, en plus de ça, des poly consommateurs : alcool, tabac et cannabis par exemple. Il y a aussi de nouvelles pratiques comme le binch drinking ou biture express en français. C’est la recherche des effets de l’alcool le plus rapidement possible. Beaucoup de verres en peu de temps, c’est une consommation sans limites.
Qu’est-ce qui entraîne les jeunes vers ces nouveaux modes de consommation ?
L’offre change. Les jeunes boivent de plus en plus d’alcool fort, le TGV (Tequila Gin Vodka) ou ils boivent des produits très à la mode, les pré-mixes. Ce sont des boissons destinées aux plus jeunes avec un aspect attirant. Il y a de l’alcool et beaucoup de sucre pour faire passer le goût. Et petit à petit, on arrive à des jeunes qui boivent leur bouteille de vodka, à deux en une soirée, sans problèmes.
« Les jeunes n’ont pas conscience des risques »
Vous parliez des pré-mixes. Parfois ces mixes sont réalisés à base de boissons énergisantes. Ces boissons sont-elles dangereuses en tant que telle ? Ou c’est leur association à l’alcool qui est dangereuse ?
En consommant ces boissons, les jeunes ont l’impression que rien ne va leur arriver. Avec le Red Bull par exemple, la publicité fait que l’on se sent invincible. Du coup, les jeunes n’ont absolument pas la conscience des risques qu’ils prennent en termes de possibilité de coma éthylique. Mais au-delà de ça, ils n’ont pas non plus conscience des risques associés à l’ivresse aigue. Les risques, c’est quand même l’agression physique, en sortie de boîte de nuit par exemple, l’agression sexuelle, essentiellement pour les filles, et puis tous les risques liés à la conduite.
Quels risques la consommation d’alcool implique-t-elle pour la santé des jeunes ?
Par définition, l’adolescent n’est pas encore fini. Son cerveau est immature. Donc les effets d’une alcoolisation massive ne sont pas les mêmes sur un cerveau qui est en plein développement que sur un cerveau d’adulte. Les ivresses répétées vont être à l’origine de pertes de mémoire, de pertes de concentration. Et quand on est élève ou étudiant, cela devient problématique. Des études montrent aussi que la consommation excessive d’alcool à l’adolescence peut entraîner des cas d’alcoolisme à l’âge adulte. Cela ne veut pas dire que tous les jeunes qui ont des ivresses répétées vont devenir alcooliques. Ce n’est pas le cas, c’est même très rare. Mais il faut vraiment faire la différence entre ces nouvelles pratiques et l’alcoolisme des jeunes. Ils ne sont pas dépendants à l’alcool. Ces jeunes-là sont capables de ne pas boire pendant des jours, et quand ils vont décider de boire, cela va être en excès.
Pour quels usages les adolescents se mettent-ils à boire ?
Ce n’est pas forcément pour un usage festif. C’est pour ça que face à ces adolescents qui boivent, il faut toujours essayer de savoir dans quel état d’esprit ils sont. Il y a effectivement le comportement festif, avec le côté désinhibiteur de l’alcool qui aide à s’intégrer au groupe. Et puis le chalenge que représente la consommation d’alcool. Ces jeunes se mettent en danger sans en avoir vraiment conscience. Mais ils ne se sentent pas forcément mal dans leur peau. Par contre, certains d’entre-eux boivent avant d’aller en cours pour se donner du courage, ou boivent avant de se coucher pour s’endormir. Quand ce sont des consommations répétées à des moments totalement inappropriés, là il faut vraiment s’inquiéter. Dans ces cas, le produit alcool a été utilisé à des fins différentes. Ce n’est pas le cadre festif, mais de l’automédication.
Quels sont les signes pouvant alerter les parents ?
Les parents doivent tout le temps s’en soucier. Il y a un apprentissage à faire autour de l’expérimentation de l’alcool et autour de la façon de boire de l’alcool. Les parents doivent s’en soucier sans forcément devenir inquiets. Nous sommes dans une société où l’alcool fait partie du quotidien. Il faut que les parents soient soucieux de la façon dont ils vont apprendre à leur enfant à gérer le produit alcool. C’est aussi aux parents de se sentir légitimes de mettre des limites à leurs enfants. Les parents doivent savoir si l’enfant a prévu de boire, ce qu’il pense boire et en quelle quantité. Il faut baliser les choses. Si un enfant arrive aux urgences à cause de l’alcool, il ne faut pas non plus dramatiser. Même si cet enfant ne va pas devenir alcoolique ou ne va pas forcément très mal, il faut quand même se poser la question, se demander pourquoi l’enfant en est arrivé là.
Propos recueillis par Arthur Gros
Danser non-stop, à fond, jusqu’au bout de la nuit. Jean-Christophe a consommé pendant des années du Red Bull associé à de la vodka, à raison de cinq ou six par soirée. Ce jeune consultant en informatique, qui souhaite rester anonyme, a répondu à l’appel à témoignages lancé sur le site du Monde.fr. Il se décrit comme un gros consommateur de Red Bull depuis ses 18 ans. Aujourd’hui, il en a 28, et boit au moins une canette tous les soirs, "pour pouvoir faire seize heures de programmation informatique par jour devant l’écran". Associé à de la marijuana,"cela crée une sorte de "transe"". Du coup, il tient jusqu’à 5 ou 6 heures du matin.
Eric, ancien commercial, faisait 2 000 à 3 000 kilomètres de route par semaine. Lassé des cafés, il a fini par goûter une canette de boisson énergisante. Puis à enconsommer une à quatre par jour du mercredi au vendredi. "Cela m’aidait à tenir le rythme et à repousser mes limites." Mais un jour, il s’est senti mal : plus de force dans les jambes, battements de coeur irréguliers. C’était il y a trois ans, il avait 27 ans. Son médecin impute ces troubles à la fatigue et au stress. Quelques mois plus tard, le même malaise survient. "Cette fois, j’ai réfléchi à mon hygiène de vie et j’ai émis l’hypothèse que ma consommation régulière de ces boissons pouvaitjouer un rôle. Je les ai alors bannies, et n’ai plus eu d’arythmie cardiaque", raconte Eric.
Le 6 juin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a fait état de six remontées d’effets indésirables graves (épilepsie, coma, tremblement, angoisse) depuis 2009, dont deux décès par arrêt cardiaque, pour lesquels le lien avec la consommation de boisson énergisante est en cours d’évaluation. L’alerte semble fonctionner puisque "nous avons reçu six autres signalements, qui sont en cours d’examen", explique le professeur Irène Margaritis, chef de l’unité évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses.
Le vodka-Red Bull est "le" cocktail à la mode dans les boîtes de nuit et sa consommation ne cesse de croître chez les jeunes. Red Bull mais aussi Monster,Dark Dog, Burn, Frelon Detox… toutes sont à portée de main, dans les linéaires des supermarchés, les clubs de sport… et ne séduisent pas seulement les fêtards, mais aussi les adeptes du fitness, les travailleurs de nuit, les addicts auxjeuxvidéo… "Ma Monster est ma seconde vie", dit Emmanuel, un étudiant travailleur de 21 ans.
Mais comme Eric, ils sont nombreux à faire part d’effets indésirables. Des pincements au coeur pour cet étudiant à Londres, de légers vertiges, des sueurs, le coeur qui "bat tellement fort que j’ai du mal à récupérer", pour Karim, étudiant marseillais. D’autres font état de déprimes passagères et inhabituelles, de "descentes" après la consommation.
Le lendemain d’une soirée où elle avait bu quatre ou cinq canettes de Red Bull, sans alcool, Sophie était en pleine forme malgré seulement trois heures de sommeil. La trouvant agitée, ses parents - elle a un père médecin - se sont inquiétés. Mais pour elle, "cette boisson permet de tenir. Le week-end, on a envie de se lâcher. Avec une ou deux canettes avant de partir sur la piste je sens nettement la différence".
La France a été l’un des derniers pays à avoir accepté la commercialisation de ces boissons énergisantes. En 2001, l’Anses - Afssa à l’époque - avait rendu plusieurs avis dans lesquels elle faisait état de doutes vis-à-vis de l’innocuité de ces boissons. Le Red Bull et les boissons analogues ont finalement été mises sur le marché en mai 2008, grâce au feu vert du ministère de l’économie, et malgré l’opposition du ministère de la santé "au nom du principe de précaution".
"Combien faudra-t-il d’accidents pour prendre des décisions ? se demande le docteur Laurent Chevallier, nutritionniste, membre du Réseau environnement santé. Ce ne sont pas des produits indispensables. On peut s’étonner que l’Europe n’ait pas pris de mesures.""Notre objectif est d’établir scientifiquement une relation de cause à effet, indique le professeur Margaritis. Une étude devrait être finalisée à l’automne 2012 pour identifier les profils, les modes de consommation, les quantités."
C’est surtout l’association avec l’alcool qui inquiète. Ce cocktail détonnant correspond au binge drinking ("ivresse express"), très en vogue chez les jeunes."Les adolescents utilisent ces boissons énergisantes pour boire encore plus et plus longtemps", explique le psychiatre Xavier Pommereau, chef du pôle de l’adolescent au CHU de Bordeaux. Parce que ces boissons diminuent la perception des effets de l’alcool, les médecins déconseillent très fortement le mélange. "Les scientifiques se posent actuellement la question de la toxicité de la taurine lorsqu’elle est associée à de l’alcool", ajoute le docteur Pommereau. Outre la taurine, ces boissons contiennent des ingrédients "stimulants" : caféine, guarana, ginseng, vitamines, D-glucuronolactone (substance qui peut être toxique), etc.
Mais pour la plupart des jeunes, "c’est moins toxique que des amphétamines ou de l’ecstasy", sourit un fonctionnaire nantais, pour qui "cette polémique autour de quelques cas litigieux est un sacré non-événement". Certains, jeunes ou moins jeunes, en consomment "pour se tenir éveillés" et "ne voient pas le problème". Pour d’autres, tout cela est un faux débat. "Le vrai danger pour la jeunesse, c’est la consommation très tôt de grandes quantités d’alcool fort", résume Paul, un trentenaire parisien.
"Depuis le début des années 2000, on observe deux phénomènes nouveaux : l’âge de plus en plus jeune de la prise d’alcool, et l’alcoolisation massive, notamment des filles. J’ai vu des gamines de 14 ans avec des bouteilles de vodka dans leur sac", raconte le docteur Pommereau. Sur les quinze patients aujourd’hui dans son service, deux ont 12 ans.
Pochtronne, picoleuse, cheuleuse, pocharde, soûlarde, ivrogne, sac-à-vin, soiffarde, boit-sans-soif, licheuse, tosseuse, alcoolo … alcoolique …
On ne dit pas « alcoolique », on dit « malade alcoolique » parce que c’est plus respectueux !
Carmélina me l’a expliqué un jour…
C’est sûr, « malade alcoolique », ça fait plus malade et moins « pilier de caboulot » …
Elle m’a expliqué plein de choses, Carmélina !
Elle m’a expliqué que son objectif à elle, c’était que je devienne abstinente heureuse… J’ai mis des mois à comprendre le sens de cette phrase …
Avec authenticité, sincérité, humour et émotion, Anne Mangeot raconte son parcours de malade alcoolique : la prise de conscience de la dépendance, la lutte avec le produit, la relation avec les soignants, la rechute, la rencontre avec un groupe d’entraide … et puis l’espoir de retrouver le chemin de la liberté pour découvrir enfin le plaisir de l’abstinence heureuse et la joie de vivre sans alcool, libérée de l’alcool aujourd’hui.
Le Pr. Michel Lejoyeux, président de la SFA, soutient que la psychothérapie, telle qu’il l’a pratique, permet à de nombreux alcooliques de ne plus boire.
Le Pr. Olivier Ameisen, cardiologue, expert en addictologie, ex-alcoolique lui-même, guéri par la prise de baclofene à hautes doses, affirme lui que les traitement actuels de l’alcoolisme n’ont pas fait reculer la mortalité de cette maladie, au contraire, et qu’un médicament, le baclofene agit sur cette maladie neurobiologique comme le font d’autres médicaments qui ont changé le pronostic du sida ou de l’hypertension, maladies mortelles autrefois.
Vous pouvez visualiser ce débat en cliquant sur le lien ci-dessous
Extrait de cette émission "Revu et corrigé" sur France5 le 21/01/2012
49ème Congrès national de la Croix Bleue
à MAZAMET
les 16 & 17 juin 2012
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PARIS - Compagnon de route de l’alcoolisme, la violence est modulée par la personnalité des individus, le contexte, mais aussi les représentations sociales liées à l’alcool, selon des travaux présentés jeudi à Paris lors d’une rencontre-débat réunissant chercheurs et associations.
Une enquête de la Direction générale de la santé (Violence Alcool Multi Méthode, VAMM) a montré en 2006 que 40% des sujets ayant participé à une bagarre dans un lieu public avaient consommé de l’alcool dans les deux heures qui précédaient. Même constat pour 35% des auteurs d’agression dans la famille et 32% des destructions intentionnelles.
Une étude internationale portant sur plus de 9.300 criminels a par ailleurs révélé que 62% des délinquants violents avaient bu au moment des faits.
Pour autant, la relation entre alcool et violence n’est pas aussi simple que cela pourrait paraître, relève Bertrand Nalpas, médecin alcoologue, directeur de recherche à l’Inserm.
Observer un lien entre violence et consommation d’alcool dans des enquêtes en population ne permet pas de savoir si l’alcool est la cause de la violence ou simplement un marqueur de difficultés psychologiques ou sociales, comme l’est aussi la violence, explique de son côté Laurent Bègue.
Ce professeur de psychologie sociale à l’université de Grenoble étudie ainsi le lien alcool-violence à travers des expériences menées en laboratoire.
De ses travaux, il ressort que l’alcool rend violent, certes, mais dans certaines circonstances.
Certains types de personnalités, par exemple des individus chroniquement agressifs, réagissent plus négativement que d’autres à l’alcool. Et l’alcool favorise effectivement la violence, mais à condition que le contexte la sollicite, par une provocation, une bousculade, etc. Sauf bien sûr si l’on boit pour être violent, comme ça peut être le cas dans le hooliganisme.
Myopie alcoolique
Le Pr Bègue explique que l’alcool rend violent parce qu’il perturbe certaines fonctions cognitives.
L’alcool affecte la capacité de traitement de l’information par ce qu’on appelle la +myopie alcoolique+, c’est-à-dire que l’individu va être focalisé sur les informations les plus saillantes de la situation, au détriment des informations inhibitives, comme les conséquences de l’acte, indique-t-il.
Ses expériences ont également permis de mettre en évidence un effet extra-pharmacologique de l’alcool : la consommation d’une boisson supposée alcoolisée (mais en réalité sans alcool) peut suffire à rendre plus agressif.
Il y a une sorte d’association sémantique entre alcool et violence, explique le Pr Bègue, rappelant notamment que la mise en scène de l’alcool dans les fictions est souvent violente.
Son équipe finalise actuellement un programme d’étude sur l’effet d’un apport en vitamines et acides gras essentiels sur les comportements agressifs, l’alcoolisme chronique ayant un effet de dégradation sur les nutriments.
Outre les violences infligées aux autres ou subies de la part des autres, les associations veulent souligner pour leur part que le fait de boire est une première violence faite à soi-même : violence à son corps, à son identité, à son image, indique le mouvement Vie Libre.
Six mouvements dentraide aux personnes en difficulté avec lalcool (Alcool-Assistance, Alcooliques Anonymes, Amis de la Santé, Croix Bleue, Joie et Santé, Vie Libre) ont participé à l’organisation de la rencontre Alcool et recherche avec la Mission Alcool Addiction de lInstitut Santé publique (Aviesan) et la Mission Inserm Associations.
De nos jours, les rapports des jeunes avec l’alcool évoluent. Les adolescents boivent différemment et surtout de plus en plus jeune. Elsa Massabie, médecin coordinateur de l’Adosphère, centre de recueil et de soins réservé aux adolescents à Dijon, revient sur ce sujet pour GazetteINFO.fr.
GazetteINFO.fr : Quels sont les rapports des adolescents avec l’alcool aujourd’hui ?
Elsa MASSABIE : Les dernières études montrent que le premier produit dit « toxique » expérimenté par les jeunes est l’alcool. Le premier lieu d’expérimentation est la famille qui donne la première coupe de champagne à Noël par exemple. C’est culturel en France.
Le mode de consommation a-t-il évolué avec le temps ?
On se rend compte aussi que le mode de consommation change puisqu’on a de plus en plus d’ivresse chez les jeunes. Ces ivresses touchent en majorité les garçons, mais aussi de plus en plus les filles. On a un rapport de deux tiers-un tiers en ce qui concerne les ivresses. L’âge de la première ivresse a aussi tendance à baisser. Le nombre de moins de 15 ans qui arrivent aux urgences en état d’ivresse importante augmente. Les garçons sont, en plus de ça, des poly consommateurs : alcool, tabac et cannabis par exemple. Il y a aussi de nouvelles pratiques comme le binch drinking ou biture express en français. C’est la recherche des effets de l’alcool le plus rapidement possible. Beaucoup de verres en peu de temps, c’est une consommation sans limites.
Qu’est-ce qui entraîne les jeunes vers ces nouveaux modes de consommation ?
L’offre change. Les jeunes boivent de plus en plus d’alcool fort, le TGV (Tequila Gin Vodka) ou ils boivent des produits très à la mode, les pré-mixes. Ce sont des boissons destinées aux plus jeunes avec un aspect attirant. Il y a de l’alcool et beaucoup de sucre pour faire passer le goût. Et petit à petit, on arrive à des jeunes qui boivent leur bouteille de vodka, à deux en une soirée, sans problèmes.
« Les jeunes n’ont pas conscience des risques »
Vous parliez des pré-mixes. Parfois ces mixes sont réalisés à base de boissons énergisantes. Ces boissons sont-elles dangereuses en tant que telle ? Ou c’est leur association à l’alcool qui est dangereuse ?
En consommant ces boissons, les jeunes ont l’impression que rien ne va leur arriver. Avec le Red Bull par exemple, la publicité fait que l’on se sent invincible. Du coup, les jeunes n’ont absolument pas la conscience des risques qu’ils prennent en termes de possibilité de coma éthylique. Mais au-delà de ça, ils n’ont pas non plus conscience des risques associés à l’ivresse aigue. Les risques, c’est quand même l’agression physique, en sortie de boîte de nuit par exemple, l’agression sexuelle, essentiellement pour les filles, et puis tous les risques liés à la conduite.
Quels risques la consommation d’alcool implique-t-elle pour la santé des jeunes ?
Par définition, l’adolescent n’est pas encore fini. Son cerveau est immature. Donc les effets d’une alcoolisation massive ne sont pas les mêmes sur un cerveau qui est en plein développement que sur un cerveau d’adulte. Les ivresses répétées vont être à l’origine de pertes de mémoire, de pertes de concentration. Et quand on est élève ou étudiant, cela devient problématique. Des études montrent aussi que la consommation excessive d’alcool à l’adolescence peut entraîner des cas d’alcoolisme à l’âge adulte. Cela ne veut pas dire que tous les jeunes qui ont des ivresses répétées vont devenir alcooliques. Ce n’est pas le cas, c’est même très rare. Mais il faut vraiment faire la différence entre ces nouvelles pratiques et l’alcoolisme des jeunes. Ils ne sont pas dépendants à l’alcool. Ces jeunes-là sont capables de ne pas boire pendant des jours, et quand ils vont décider de boire, cela va être en excès.
Pour quels usages les adolescents se mettent-ils à boire ?
Ce n’est pas forcément pour un usage festif. C’est pour ça que face à ces adolescents qui boivent, il faut toujours essayer de savoir dans quel état d’esprit ils sont. Il y a effectivement le comportement festif, avec le côté désinhibiteur de l’alcool qui aide à s’intégrer au groupe. Et puis le chalenge que représente la consommation d’alcool. Ces jeunes se mettent en danger sans en avoir vraiment conscience. Mais ils ne se sentent pas forcément mal dans leur peau. Par contre, certains d’entre-eux boivent avant d’aller en cours pour se donner du courage, ou boivent avant de se coucher pour s’endormir. Quand ce sont des consommations répétées à des moments totalement inappropriés, là il faut vraiment s’inquiéter. Dans ces cas, le produit alcool a été utilisé à des fins différentes. Ce n’est pas le cadre festif, mais de l’automédication.
Quels sont les signes pouvant alerter les parents ?
Les parents doivent tout le temps s’en soucier. Il y a un apprentissage à faire autour de l’expérimentation de l’alcool et autour de la façon de boire de l’alcool. Les parents doivent s’en soucier sans forcément devenir inquiets. Nous sommes dans une société où l’alcool fait partie du quotidien. Il faut que les parents soient soucieux de la façon dont ils vont apprendre à leur enfant à gérer le produit alcool. C’est aussi aux parents de se sentir légitimes de mettre des limites à leurs enfants. Les parents doivent savoir si l’enfant a prévu de boire, ce qu’il pense boire et en quelle quantité. Il faut baliser les choses. Si un enfant arrive aux urgences à cause de l’alcool, il ne faut pas non plus dramatiser. Même si cet enfant ne va pas devenir alcoolique ou ne va pas forcément très mal, il faut quand même se poser la question, se demander pourquoi l’enfant en est arrivé là.
Propos recueillis par Arthur Gros
Le livret "F.A.Q" sur le thème : "l’alcool est moi : Où en sommes nous"
est disponible sur commande au siège de l’association
Vous pouvez le consulter ou le télécharger en suivant ce lien http://www.croixbleue.fr/IMG/pdf/fa...
Bonne Lecture
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