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La souffrance est un thème sérieux, grave, pas facile à
étudier, mais elle est universelle et touche, avec plus ou moins d'intensité bien sûr,
chacun d'entre nous, à un moment ou à un autre de sa vie.
La souffrance entre dans le domaine des sensations. "J'ai mal" ou "Je suis
mal" ou "Je vais mal"
sont autant d'expressions de ce ressenti, un
début de travail "raisonné" sur la sensation.
Elle est aussi quelque chose qui m'appartient. Elle n'est pas toujours perceptible par mon
entourage. Elle se limite à mon individu. Je suis seul à la ressentir comme je la
ressens.
Bref, la souffrance est là, de quelque nature qu'elle soit. Alors, qu'est-ce que j'en
fais?
- Je l'endure
en silence
je pleure parfois ou je deviens dur avec moi-même.
- Je la hurle avec révolte
- Je trouve des "produits" pour ne plus rien ressentir, pour que mon cerveau ne
transmette plus cette douleur. Je n'ai peut-être pas conscience alors que la dépendance
à ces drogues engendre une souffrance de plus comme l'illustrent les témoignages.
- Je me plains auprès de mon entourage
qui finit par me fuir
- Je décide de me battre, de vaincre ce mal qui me ronge en employant les grands moyens :
toutes mes forces, toute ma volonté, toute ma raison et j'appelle
Qui?
Qui
peut m'aider? Les spécialistes? Un médecin comme le Docteur Servant à la clinique de
l'Anxiété à Lille, un psychologue
Mes proches? Mon meilleur ami? Mon Association?
Face à la douleur de l'autre qui appelle, qui s'exprime, qui me raconte ce qu'il ressent,
je suis limité : je ne peux ressentir exactement la même chose que lui. La douleur est
indicible. Il peut me dire clairement ce qui ne va pas et pourquoi ça ne va pas mais ce
qu'il ressent vraiment, l'intensité de cette souffrance, il aura du mal à me le
transmettre.
Mais je peux écouter, comprendre et "compatir" ; mot qui signifie
littéralement "souffrir avec", parce que j'ai une expérience de la souffrance
en général.
Partager la souffrance de l'autre et donc l'en décharger pour partie au moins, est-ce
possible? Je crois que c'est l'écoute, l'amitié ou l'amour que l'on apporte qui entrent
en jeu et multiplient les forces de celui qui lutte. Mon regard extérieur peut aussi,
bien sûr, me permettre d'agir sur les causes, de régler certains problèmes, de soigner,
de soulager
Face à la sensation parfois horrible, insupportable de la "souffrance
maladie", comme celle dont nous parle Bernard ou "souffrance - mal-être",
comme celles entendues à S.O.S. Amitié, nous devons lutter ensemble et rassembler nos
forces, unir nos volontés. Nous devons aussi faire triompher la raison et essayer de
comprendre le sens de la souffrance (ou "de la vie" dit Doris)
Du sens que je donnerai à la souffrance découlera mon attitude face à elle. En effet,
la souffrance peut être vue de bien des façons :
Elle peut être accueillie presque comme une bénédiction, si je la vois comme un moyen
d'expier mes fautes (point de vue devenu de plus en plus marginal aujourd'hui).
- Je peux me dire que "c'est mon lot". Chacun doit prendre une part de la
souffrance du monde.
- Elle peut être vue comme un fléau, un mal insupportable. Je suis perdu d'avance et je
fuis.
- Si elle n'est pas encore là, je peux avoir peur de l'affronter et cette peur commandera
mes comportements.
- Je peux la prendre comme une épreuve, qui, une fois franchie, me fortifiera ;
l'utiliser pour la transcender même.
- Je peux refuser l'idée de la souffrance inutile et user de tous les moyens modernes de
la science pour la faire disparaître : l'humanité est faite pour le bonheur
À vous de faire le point ! À chacun de faire son point (et à échanger en Section par
exemple).
Bonne lecture.
François COUSIN |