N°132
Décembre 2000

Le LIbérateur journal de la Croix Bleue

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Editorial

Le nouveau Libérateur est né.....    

Sa périodicité trimestrielle avec plus de pages, son contenu davantage orienté vers la vie de notre Association, son aspect extérieur et ses techniques de composition ont été décidés par le Conseil d'Administration, sur proposition des responsables de groupes lors de leur rencontre annuelle fin 1999.

L'idée est de faire, toujours autour d'un thème central attaché à notre vécu, un instrument de communication interne et externe dans lequel chacun pourra se retrouver et accéder à des informations l'intéressant.

Notre choix de consacrer le sujet dominant de ce numéro à nos Centres de postcure concrétise notre volonté de montrer que la Croix Bleue a su s'adapter aux réalités du monde de l'alcoologie en préservant un certain état d'esprit qui veut contribuer à la guérison des personnes alcooliques dans toutes leurs dimensions : physique, psychologique et spirituelle.

Chaque établissement respecte cet objectif en déclinant des moyens qui lui sont propres.

Depuis une dizaine d'années, en liaison avec les autorités de tutelle et le Conseil d'Administration aidé par la Commission des Centres, les projets thérapeutiques ont ainsi évolué sous l'impulsion directe des Directeurs, tous Membres Actifs de la Croix Bleue, secondés par des équipes dont il m'est agréable de saluer ici la compétence et le dévouement.

Je ne serais pas complet si je n'associais à ce ressenti nos amis du Centre du Château Walk qui partagent traditionnellement et efficacement, au sein de la Commission des Centres, soucis mais aussi espérance.

Ce premier numéro du troisième millénaire fera par ailleurs place aux témoignages et aussi, comme précisé plus haut, à Ici vie dans les Groupes, les Sections et les Centres. A cet égard je souhaite que notre journal relate d'une façon plus large les événements de notre vécu associatif.

Pour ce faire, je compte sur l'aide de toutes et tous, photos à l'appui . Ces pages sont, pour cette partie, les vôtres et elles seront ce que vous en ferez.

Je n'oublie pas enfin que nous entrons dans la période des vœux. Je saisis donc l'opportunité qui m'est donnée pour souhaiter, en mon nom personnel et en celui du Conseil d'Administration, une bonne et heureuse année à tous nos lecteurs et à leurs proches. Membres ou non de l'Association, libérés ou non de l'alcool; qu'ils soient persuadés de notre profond désir de voir chacun trouver, aujourd'hui et demain, un vécu meilleur dans l'amour et l'espérance.

Bernard LEDAY, Président de la Croix Bleue

 


                

 Prières de la Souffrance
On vous dit
que vous êtes
comme tout le monde.
Quelque chose intervient
et vous apprenez un jour
avec angoisse que vous
êtes fragilisée pour le
restant de votre vie.

Au début, vous ne ressentez aucune douleur vous ne voyez rien d'anormal sur votre corps ; c'est même plutôt le contraire.
Vous vous sentez stimulée. On vous invite parce que vous êtes amusante ; on vous encourage quand vous faites de l'esprit. Il faut cependant reconnaître que l'alcool joue un rôle de stimulant et qu'il n'y est donc pas, pour la plupart du temps, étranger.

Au bout d'un certain temps, sans vous en rendre compte, vous devenez en quelque sorte un clown de "service" pour vos amis. Mais pour ceux qui vous aiment vraiment - votre famille, votre mari - les jours qui passent les remplissent d'inquiétude. Leurs regards restent encore indulgents parce qu'ils tiennent à vous. Ils sentent que vous vous échappez et veulent vous ramener vers eux car ils vous voient en train de vous noyer, et ce n'est pas dans l'eau. Alors leurs regards vont refléter la colère. Ils s'énervent contre vous, contre eux-mêmes parce qu'ils se sentent impuissants devant ce fléau qui vous accapare totalement et qui les éclabousse. Ils essaient de vous tirer vers le rivage ; mais c'est impossible car vous êtes montée dans une barque qui vous entraîne inexorablement vers l'enfer . Vous les voyez, mais vous êtes trop loin pour les entendre.

Un jour, vous commencez à prendre conscience que vous perdez quelque chose d'important. Vous voulez les rejoindre, les retrouver. Ils sont toujours là, mais ils ne sont plus comme avant d'être tombée dans le piège qui s'est refermé sur vous. Pourquoi ont ils changé? Pourquoi vous regardent-ils avec méfiance? Qu'est-ce que vous leur avez fait? Les soirs, c'est encore pire : ils vous épient; il leur arrive même de vous juger malgré leur amour pour vous. Il se passe beaucoup de temps avant que vous ne réalisiez que ce n'est pas eux qui ont changé, mais vous. C'est à ce moment là que leur souffrance de vous voir différente vous poignarde en plein cœur Vous ,vous vous remplissez de honte ; vous vivez dans la peur ; vous ne comprenez pas pourquoi, vous?

Tout à coup les miroirs vous renvoient une image déformée de la personne que vous étiez . Tous vos rêves d'enfant, tous vos souvenirs de bonheur, tous vos projets d'adulte, toute la sécurité de votre avenir s'écroulent autour de vous. Comme toutes les catastrophes, vous pensiez que cela n'arrivait qu'aux autres.

Vous commencez à prier : il faut que cela marche. Mais non ! Vous recommencez a prier ; rien n'y fait. Un trou noir se dessine à vos pieds ; il veut vous absorber . Vous luttez de toutes les pauvres forces qui vous restent ; mais le trou s'élargit . Vous appelez au secours ; mais vos cris restent dans votre gorge. Mais ce n'est pas possible; on va vous entendre?

Tout s'assombrit ; vous pleurez ; vous avez peur de mourir. Oui, vous allez mourir ; plus personne ne souffrira ; vous allez enfin pouvoir dormir et ceux que vous aimez pourront être à nouveau heureux. Alors, le miracle se produit. Prisonnière, dans le noir une petite lumière est apparue. Il fallait y croire pour être sauvée. Vous avez encore prié, vous priez pour que le processus s'inverse, et la petite lumière devient plus intense. Vous pleurez encore, mais de joie.

Tout doucement vous revenez au grand jour. L'espoir explose dans votre tête. Le soleil réchauffe votre peau glacée. Un sang nouveau coule dans vos veines. Votre corps vous obéit.

En fin de compte, vous avez le temps pour mourir ; ce n'est pas à vous de choisir. Par contre, vous pouvez choisir votre vie, elle vous appartient.

Que vous est il donc arrivé ?
Qu'est ce que c'était cette maladie ?
La convalescence sera longue mais
Vous voulez guérir : vous êtes sauvée.

Chantal
Section d'Epinal
Lundi 24 juillet 2000
à 2 heures du matin.
Pour ma Cindy adorée,
 je dédicace ce texte que,
j'en suis sûre,
elle saura comprendre.