C’est elle qu’on voit en premier lorsqu’on approche de Bitche .
Elle se dresse fièrement sur son rocher de grès rose et la ville s’est littéralement enroulée autour d’elle.
A l’origine, il semble qu’elle n’ait été qu’un pavillon de chasse, transformé plus tard en " Château ",
c’est d’ailleurs ainsi qu’on l’appelait durant des siècles. De ce promontoire rocheux, on avait une vue imprenable
sur toute la région et comme il était d’un accès difficile, sa défense était aisée et il eut rapidement une réputation d’invulnérabilité.

La citadelle de Bitche Il n’est pas possible de dater exactement la construction du 1er édifice sur le " Schlossberg "
mais il semble qu’il se transforma en château fort au 12e siècle peu près en même temps que la construction de
l’abbaye de Sturzelbronn. Au siècle suivant, deux petits villages se fixèrent au pied du Schlossberg : Rohr,
aux environs de la médiathèque actuelle et Kaltenhausen vers l’actuelle gare.
En 1309, par mariage, le château devint propriété du comte Eberhard II de Zweibrücken qui en fit sa résidence
principale après l’avoir agrandi et transformé. Ses descendants y résidèrent jusqu’en 1560.
La première attaque du château de Bitche eut lieu dans la nuit du 19 au 20 mars 1447 durant laquelle,
les comtes Jacob et Wilhelm de Lutzelstein s’en emparèrent et le propriétaire des lieux :
le comte Friedrich de Bitche trouva son salut dans la fuite.
La citadelle de Bitche n'appartient pas à la catégorie des autres châteaux de notre région, la plupart en ruines.
Il s'agit d'une fortification, donc d'un ensemble à caractère purement militaire du XVIIIe siècle.
N'empêche que le dernier cachet en cuivre du début de la guerre de 1870-71, donc du deuxième Empire,
portait encore la dénomination de "CHATEAU". Empreinte du cachet en cuivre du timbre du second Empire
utilisé par le Commandant de la Place, L.C. TEYSSIER, au début de la guerre de 1870-1871.
Ces deux cachets, utilisés à la Citadelle de Bitche assiégée pendant la guerre de 1870-1871, rappellent les événements survenus en France durant ce temps : la fin du Second Empire avec l'abdication de Napoléon III et la proclamation de
la troisième République le 4 septembre 1870.
Empreinte du cachet en bois, gravé par un soldat en novembre 1870, dès que la proclamation de la République a

été connue à la Citadelle par la garnison française isolée du reste du Pays par les assiégeants.
C'est pourquoi il faut en quelques lignes décrire sommairement l'histoire de Bitche afin de comprendre la raison d'être
de cette forteresse.
Plan relief de 1794.
Ce n'est qu'à partir du XIe siècle que l'on peut reconstituer le passé de Bitche.
Les rivalités entre Seigneurs, les invasions et les guerres se succédèrent ici comme partout au long des régions frontières

de tous les états ou provinces.
Adalbert, successeur de Gothélon, duc de Lorraine et aïeul de Gérard d'Alsace semble être le premier Seigneur de Bitche vers 1044.

Un de ses descendants, Simon Ier, fonda en 1135 l'abbaye de Sturzelbronn où il fut enterré.
Les terres, ou Seigneurie de Bitche furent érigées en Comté en 1176. Ferry 1er en fut le Ier maître après la mort de Mathieu 1er, successeur lui-même de Simon 1er. Il prit le titre de Comte, ou Seigneur, Sire, Messire de Bitche.

Le Comté s'étendait à peu près sur l'ensemble du territoire actuel des trois cantons de Rohrbach, Volmunster et Bitche.
Rien ne permet de préciser qu'un château existait à cette époque, tout au plus un petit pavillon de chasse appartenant aux ducs de Lorraine.
En réalité le nom de Bitche désignait l'ensemble du Comté.
Kaltenhausen et Rohr, deux hameaux adossés et protégés par un immense rocher, étaient à l'origine de ce qui devait
devenir la ville plus tard le château de Bitche , Mais la Lorraine était morcelée,
la seigneurie de Bitche isolée de sa capitale.
Aussi Ferry III de Lorraine céda le comté à Eberhardt de Deux-Ponts qui prit pour épouse Agnès comtesse de Bitche.
La Lorraine reçut les territoires de Marimont, de Sarreguemines et Lindre.
Cet échange fut ratifié par un traité en 1302. Eberhardt fit construire sur le rocher le  premier château de Bitche
qui devint le siège du gouvernement de Deux-Ponts-Bitche. Il n'existe hélas aucune documentation sur cette construction.
On la signale flanquée de six tours rondes, assez volumineuses pour l'époque.
Il y a une belle gravure au musée de Bitche concernant ce château mais l'origine en est incertaine, aucune date n'y
figure. Cette possession dura environ trois siècles.
Si l'on connaît à peu près la lignée des comtes qui se succédèrent durant ce temps, même à Deux-Ponts on ne
possède guère de documentation sérieuse sur ce que fut cette époque.
En 1552, Amélie, fille du comte de Deux-Ponts, Simon Wecker V, céda une  partie des droits sur Bitche à Charles III
de Lorraine pour 50.000 écus.
Après la disparition de Jacques, dernier chef de la Maison de Deux-Ponts, en l'an 1570, la succession du comté de Bitche
fut ouverte pour laquelle le duc de Lorraine mit tout en œuvre afin de l'obtenir.
L'affaire fut conclue définitivement en 1606, date à laquelle les ducs de Lorraine reprirent possession de Bitche.
Le comté fut alors amputé de sa partie sud au profit de la maison de HANAU, tel que l'attestent encore aujourd'hui
les bornes frontières HANAU-LOTRINGEN.
La guerre de trente ans amena les Suédois en 1633 dans le comté Kaltenhausen et Rohr furent incendiés,
mais le château leur résista. Un an plus tard, Richelieu fit assiéger le château par le  maréchal d'Humières,
la garnison se rendit après 12 jours de combats.
Par la suite le château de Bitche fut occupé par des troupes royales, par des Lorrains, des Suédois puis les Impériaux.
Mais LOUIS XIV s'empara de Bitche en 1680 et fit ratifier cette prise par le chambre royale de Metz en 1683.
Le château des comtes de Deux-Ponts restauré à plusieurs reprises était en ruines.
Suivant le conseil de Turenne et de son état-major qui lui avait signalé l'importance stratégique du rocher de
Bitche, LOUIS XIV fit construire la première citadelle. Il confia les travaux à l'ingénieur militaire Vauban.
La forteresse fut terminée en 1683.
Les travaux de fortification attirèrent beaucoup d'ouvriers de corps de métiers très divers.
A partir de cette époque les deux hameaux de Kaltenhausen et Rohr s'agrandirent pour former une agglomération qui prit
définitivement le nom de Bitche.
Monsieur de la Goupillère fut nommé intendant de la province. Il obtint en 1686 un arrêt du conseil d'état du roi de
France donnant possibilité aux habitants de Bitche et de sa région, ainsi qu'aux étrangers qui désiraient s'y établir,
de défricher autant de terre inculte qu'ils pourraient labourer avec exemption de tous les droits durant 10 ans.
Cet arrêté devait être reconduit par les ducs de Lorraine.
Il eut pour effet d'attirer de nombreux habitants dans un pays déserté à la suite des ravages des dernières guerres.
La ville se peupla vite et prit de l'importance. Un recensement fait en 1753 accusa pour le comté tout entier 15.585 habitants, répartis en 60 villages ou hameaux.
Par le traité de Ryswick qui termina la guerre de la ligue d'Augsbourg, le comté de Bitche retourna à la Lorraine.
Les troupes françaises évacuèrent la citadelle mais la démolirent par ordre du roi afin qu'elle ne puisse servir au duc Léopold Ier de Lorraine.
La paix ne régna pas dans le pays. La guerre de la succession d'Espagne ramena les troupes françaises qui se retirèrent
à nouveau par la suite. Inquiet, Léopold 1er fit reconnaître la neutralité de la Lorraine qui ne fut pas toujours respectée.
La paix de Vienne donna enfin le duché à l'ex-roi de Pologne Stanislas Lecsinski, beau-père de LOUIS XV.
La Lorraine si longtemps indépendante, souvent meurtrie par les guerres, devint définitivement française à la mort de ce dernier en 1766.
En conséquence le duché cessa pratiquement d'exister, le comté de Bitche disparut avec lui.
L'assemblée constituante de 1789 divisa le territoire français en départements, districts et cantons.
Revenons quelques années en arrière. LOUIS XV prit possession de la Lorraine le 21 mars 1737.
Il nomma le maréchal de Belle-Isle gouverneur de Metz et de la province. Ce dernier reconnut la valeur stratégique
de Bitche et y envoya un bataillon. En 1740 le comte de Bombelles prit le commandement de la Place,
il fut chargé de reconstruire la forteresse.
Après avoir construit une route carrossable jusqu'au haut de l'ancienne fortification et nivelé le plateau de ses ruines,
on rechercha les fondations de Vauban et on commença les travaux de fortification en septembre 1741.
Mais au cours de la guerre de la succession d'Autriche qui éclata à la mort de Charles VI, Bitche fut à nouveau menacée.
Le comte de Bombelles fit adopter des dispositifs de défense provisoire. Il enveloppa la ville de palissades,
en planta autour du château en construction, éleva des retranchements en terre et sur les principales voies d'accès
implanta de petites redoutes. Grâce à ces dispositions, avec son seul bataillon de la milice, de Bombelles
put empêcher l'investiture de la Place. Quand en 1744 le théâtre de la guerre s'éloigna,

on reprit sérieusement les travaux. La forteresse fut terminée en 1754, LOUIS XV fit graver sur une plaque de
marbre fixée au-dessus de la porte d'entrée principale ces mots : "LOUIS XV, roy de France, auguste, victorieux
et pacifique, en réédifiant cette forteresse de fond en comble, a voulu qu'elle fermât les Vosges et la Lorraine à
ses ennemis, qu'elle défendit la frontière de l'Alsace et qu'au pied de ses murs les camps des armées françaises

trouvassent une puissante protection.
Année 1754".
La forteresse est construite sur un immense rocher de grès situé au milieu d'une cuvette naturelle des Basses Vosges.
Cinq passages importants y aboutissent, sa garnison devait interdire à quelque envahisseur que ce soit ces passages.
Telle qu'elle se présente de nos jours elle fut reconstruite d'après les plans de l'ingénieur Cormontaigne sur les bases de
l'ouvrage de Vauban. On y travailla durant treize ans, on termina les extérieurs et les plantations par la suite.
On pourrait comparer la citadelle à un immense cuirassé faisant face à tout agresseur, les "grosses et petites têtes"
symbolisant bien la devise de Bitche : "Je mords derrière comme devant".
Têtus comme des Lorrains qui savent ce qu'ils veulent, ses défenseurs
précisèrent : "qui s'y frotte s'y pique". Ils le prouvèrent par leur
courage et leur patriotisme au cours des siècles.
Une attaque de la citadelle par les Prussiens stationnés du côté de Volmunster en 1793, voulant rejoindre leurs alliés
autrichiens établis à Strasbourg en profitant d'une sombre nuit de novembre échoua.
Bien préparée, conduite par un déserteur qui connaissait le fort, les assaillants arrivèrent à la porte principale qu'ils
essayèrent d'enfoncer.
La garnison, pourtant restreinte, les combattit farouchement et les Prussiens durent se retirer perdant 500 hommes,
tués ou blessés. Cette lutte prouva que le fort, malgré le sérieux avec lequel tout avait été prévu n'était guère à l'abri
de l'approche de l'ennemi.
C'est sans doute ce qui décida le gouvernement français, sur l'intervention du général Schneider, enfant de Bitche,
à faire entourer la ville d'un mur d'enceinte fortifié, lui-même protégé vers le nord par le fort St Sébastien.
Les travaux furent terminés en 1852, la cité fut élevée au rang de forteresse de première classe.
C'est à partir de cette date que le "château" eut droit au nom de "citadelle".
Dix- huit ans plus tard la guerre de 1870 éclata. Après les défaites de Wissembourg et Woerth, les Allemands
pensant que les troupes françaises s'étaient retirées vers Bitche se ruèrent depuis Pirmasens vers la citadelle.
Constatant leur erreur, ils voulurent y passer et rejoindre Saverne, mais le fort les en empêcha.
Le Colonel Teyssier avec ses troupes composées d'un bataillon du 86e d'infanterie de Ligne sous les ordres du
commandant Bousquet, de douaniers, de gendarmes et de rescapés des armées en déroute soutinrent le siège durant
de longs mois. Au refus de la garnison de se rendre, les Allemands opposèrent la force.
Deux bombardements ne changèrent rien à la décision des défenseurs de la ville. Un 3e bombardement de 11 jours
et nuits en septembre 1870 démolit les bâtiments du fort et les trois-quarts des habitations en ville, tout était en ruines. Mais la garnison, stimulée par l'ardeur et le patriotisme de son chef ne capitula pas.
Ce n'est que le 27 mars 1871 que les troupes de Bitche se retirèrent avec armes et matériel afin de rejoindre
l'armée française, acclamées tout le long du parcours par les populations des villes traversées.
Dans un dernier ordre de la Place du 23 mars 1871, le colonel Teyssier avait dit à ses soldats : Un peu plus tard,
chacun de nous sera fier de pouvoir dire "j'étais à Bitche", mes braves camarades je vous serre la main à tous et
vous dis au revoir. Bitche invaincue, fut la seule place forte de cette terrible guerre restée française jusqu'à un mois
après les préliminaires de paix du 26 février 1871. Les Allemands prirent possession du territoire libéré par le départ
des combattants français. Ils reconstruisirent deux casernes, une poudrière et restaurèrent la chapelle qu'ils
transformèrent en logements pour une section du génie. Ils purent ainsi établir une garnison sur le haut de la citadelle.
Les autres ruines furent recouvertes de terre. Ils rasèrent les murs d'enceinte de la ville, comme ils le firent
presque partout ailleurs, ne laissant que la porte de Strasbourg avec quelques bâtiments militaires attenants.
La vie redevint plus active en ville où une administration civile allemande s'installa. Vers les années 1900 des
casernes y furent construites, le champ de manœuvres de plus de 3.000 hectares vit le jour en 1907 ce qui donna une importance militaire considérable à la cité.
La situation du Bitcherland étant éloignée des champs de bataille de la guerre de 1914-18, la ville n'en souffrit pas,
mais une intense activité militaire y régna, surtout au camp.
il n'est pas facile de décrire le "château" de Bitche. Malmené en 1870 et 1945, ce qui en reste est imposant,
relativement bien onservé et mérite amplement une visite. Rien ne permet de le comparer à la igne Maginot construite
200 ans plus tard, toutefois on y trouve les mêmes principes de protection dans ses galeries.
La longue courtine sud Le nouveau château, appelé plus tard la Citadelle, subsiste toujours à l'exception de la plupart
des bâtiments de surface. Il comprend un plateau central bastionné, précédé à l'est par la Grosse Tête et à l'ouest
par la Petite Tête. La partie la plus impressionnante est constituée par la courtine sud.
C'est un bloc de rocher de 20 m de haut et de 210 de long formant un bouclier efficace contre n'importe quel
bombardement. Des séries d'obstacles devaient empêcher l'ennemi de s'en approcher : fossé sec de 2,90 m
de profondeur et 5,80 m de largeur, chemin couvert avec ses traverses, glacis avec une pente de 45°.
Afin de protéger cette longue courtine, on aménagea deux bastions à ses extrémités.
Celui situé près de la Petite Tête fut accolé au rocher et casematé. Par la suite, on construisit sur le plateau inférieur,
au milieu de la courtine, un bastion bas qui était relié au plateau supérieur par un escalier à vis.
Des poternes donnaient accès au fossé d'où des rampes permettaient de transférer des pièces d'artillerie de campagne
vers les places d'armes aménagées sur le chemin couvert. La courtine nord, construite d'après le même schéma,
est pourtant moins spectaculaire. Davantage exposé aux intempéries, le rocher est protégé par un mur.
Les éboulements montrent combien cette exposition à la pluie et au gel pouvait nuire à la solidité des constructions.
Accolée au rocher La passerelle reliant le plateau à la grosse Tête.
Certes, on essayait par des saignées de canaliser les eaux de suintement, mais on n'a jamais pu enrayer de façon
définitive l'action destructrice du gel lors des grands froids.
Il est vrai, que ces murs, qui n'étaient que des murs de parement, même éboulés ne diminuaient en rien la force
défensive du château; l'épaisseur du rocher était tellement importante.
Les courtines courtes étaient protégées l'une par la Grosse Tête, l'autre par la Petite Tête. Deux ponts, à l'origine mobiles, communiquaient à ces deux ouvrages, séparés par de profondes gorges taillées dans le rocher.
Sous chaque pont, on aperçoit une caponnière qui assurait la liaison  souterraine.
La Grosse Tête: un ouvrage à corne La Grosse Tête, monumentale, chargée de défendre toute approche du château du côté
nord et de surveiller les routes de Wissembourg et de Pirmasens comportait un ouvrage à corne avec un balcon, situé en contrebas. Un escalier à vis permettait d'y accéder ainsi qu'au petit ouvrage à corne du plateau inférieur.
La Petite Tête est d'une conception tout à fait différente. C'est une demi-lune dont l'angle arrondi est tourné vers l'ennemi. Placé devant les bastions, elle permettait de battre le terrain.
Un couronné, ensemble d'ouvrages de fortifications divers, reliés par des pas de souris, l'entourait.
La petite tête avec sa demi-lune Des murs de défense impressionnants Ces fortifications impressionnantes étaient complétées par un dispositif interdisant ou compliquant au maximum l'approche de l'entrée du fort. On avait ainsi aménagé sur l'emplacement du parking actuel, un ouvrage avancé, appelé queue d'hironde.

Il fut rasé après la Seconde guerre mondiale. (Vous pouvez le reconnaître sur le plan relief exposé au musée).
Les ingénieurs avaient, d'autre part, imaginé un ensemble d'obstacles qui devaient empêcher un éventuel assaillant

d'atteindre le plateau supérieur:
1° Un pont-levis qui pouvait être actionné par la garnison du corps de garde (l'actuelle billetterie où sont distribués
les casques à infra-rouges).

2° Une rampe dénudée qui plaçait les assaillants sous le feu des défenseurs installés sur le parapet du plateau
supérieur ou dans les casemates du bastion 4.

3° Un deuxième pont-levis, placé devant l'entrée proprement dite.
4° Une solide porte en chêne. Les Allemands la remplacèrent en 1895 par une porte métallique. L'ancienne a été fixée, à
gauche, quelques mètres après l'entrée.
5° Une herse.
6° Un passage voûté, véritable nasse pour les
attaquants. Toutes ces entraves, ainsi que la hauteur des remparts, empêchant toute escalade, expliquent pourquoi la forteresse de Bitche était considérée comme imprenable. Une porte en chêne et une herse, protégeaient le passage
voûté de 'entrée Le corps de garde Le premier bâtiment que rencontre le visiteur arrivant sur le plateau est le corps

de garde principal, érigé en 1743. Sa toiture, détruite en 1870-71, n'a pas été remplacée, comme n'ont pas été remplacés les bâtiments qui se trouvaient à proximité et que seules les levées de terre permettent de localiser.
Le commentaire diffusé par les émetteurs à infrarouge répartis dans le passage voûté vous invite à vous rendre
directement vers l'entrée des souterrains pour assister à une animation unique en son genre.
Nous continuerons toutefois à décrire d'abord les bâtiments du plateau que vous découvrirez après la visite des souterrains. Ils ont échappé miraculeusement aux multiples bombardements qui se sont abattus sur la forteresse au cours du siège
1870-71.
Ce sont:
1° Le magasin à poudre.
Cette construction massive, aux murs épais, aux solides contreforts, représentait le point le plus sensible.

2° La  chapelle. C'est le seul vestige du château construit sous Vauban.

Elle présente la particularité d'être construite sur un rocher dans lequel a été creusée une immense citerne qui recueillait l'eau de pluie qui tombait sur le plateau. Dans la chapelle est installé, sur deux niveaux, le musée.

3* La boulangerie. De l'édifice qui avait deux étages, il ne reste plus que le rez-de-chaussée. Il abrite une exposition permanente relative au Second Empire.

4° L'arsenal. Dans les salles voûtées se trouvaient les ateliers de réparations. Si elles n'ont pas été endommagées.

c'est qu'elles tournaient le dos à  l'ennemi. Vue plongeante sur l'entrée  La chapelle et le rez de chaussé de l'ancienne
boulangerie Vestiges de l'ancien arsenal Le magasin à poudre N'hésitez pas à vous rendre à la table d'orientation,
située au pied du mât. Du haut de ce belvédère, vous pouvez, en pensée, vousreplacer dans les conditions dans

lesquelles se trouvait la garnison en 1870-71.
Vous remarquez que certaines collines qui environnent Bitche sont plus élevées que la forteresse. Ainsi, la Rosselle, une hauteur située à l'ouest, se trouve à une altitude supérieure de 37 mètres. Lors de la construction de la forteresse

en 1740, cette position n'était pas handicapante car l'artillerie n'avait qu'une portée très limitée. Mais lors du conflit de 1870-71, cette dernière avait entre temps fait d'énormes progrès.
Les tubes rayés et une plus grande puissance de la poudre augmentèrent la portée et la précision des tirs de sorte

qui la forteresse de Bitche était pour les Bavarois installés sur les hauteurs de la Rosselle une cible idéale:

les bâtiments furent détruits dès les premiers bombardements et les mouvements de la garnison fortement contrecarrés

lors du siège. Heureusement les souterrains, dont la solidité était à toute épreuve, constituaient un abri sûr.
Une des particularités de la forteresse constitue incontestablement la diversité de son réseau de souterrains. Rares sont, en
>effet, les fortifications de ce type à posséder un tel dédale de casemates et de galeries taillées dans le rocher. Bien que leur construction remonte au milieu du XVIIIe siècle, ils se trouvent en fort bon état et n'ont, contrairement aux bâtiments de surface, guère souffert des nombreux bombardements. La visite, très impressionnante, comporte une animation unique combinant vidéo disc. son laser; projections, odeurs qui relate de façon saisissante et vivante les épisodes de la guerre

1870-71 et les moments forts de la bataille de Bitche durant l'hiver 1944-45.
L'accès se fait par l’ancien corps de garde d'où l'on pouvait surveiller étroitement tout mouvement.
Après quelques marches, vous débouchez sur un palier qui constitue un carrefour. A main droite, se trouve l'entrée
(actuellement interdite) du bastion 1. Derrière la porte métallique (actuellement condamnée) se situe la caponnière

qui assure la liaison entre les souterrains du plateau central et celui de la Petite Tête.

A main gauche s'ouvre un hall impressionnant. entièrement taillé dans le roc. Suivez le fléchage et respectez le feu vert.

Le spectacle audiovisuel débute dans les anciennes cuisines. On y remarque l'emplacement d'un ancien four (il
pouvait cuire 500 rations à la fois) et un point d'eau; ce dernier n'a été installé par les Allemands qu'après 1871.
Le bastion 2 constitue le prochain arrêt. C'est une construction casematée, jumelée à deux étages.
Remarquez:

- l'épaisseur des murs (5,50 m),

- la trappe d'aération (l'ouverture se trouve
- sous le terre-plein) avec la chatière,
- les anneaux qui rappellent qu'à l'origine le plancher était suspendu.

- Le plancher fixe date du siège 1870-71 au cours duquel le bastion a été transformé en hôpital de siège.

Cette transformation a permis de gagner une salle supplémentaire.
Après avoir écouté les commentaires de la borne 2 et 3, rendez-vous à l'étage inférieur.
Vous vous trouvez à 17 mètres sous le terre-plein. Les deux salles étaient réservées aux blessés graves.

Dans celle de gauche, vous apercevez un foyer, indispensable aux infirmiers chargés de soigner les malades.

Au fond, à droite, se trouvaient les latrines qui étaient une nécessité absolue.

Durant les bombardements de l'hiver 1944, une partie de la population bitchoise a pu, pour la première fois dans

l'histoire du fort, se réfugier dans ses souterrains.
C'étaient en particulier, les salles de ce bastion 2 qui leur assuraient pendant de longues semaines une protection sûre.
Remontez dans le hall en respectant le fléchage. Arrêtez-vous dans la cave à vin, puis engagez vous dans l'étroite galerie. Cette dernière n'a été creusée qu'en 1870 par les douaniers affectés au fort.

Bien que mineurs improvisés, ils réalisèrent, en treize semaines ce forage qui allait rendre d'appréciables services:

il assurait la liaison souterraine d'un bout à l'autre du fort. La galerie aboutit dans le souterrain du corps de garde
principal.
Une deuxième galerie, elle aussi taillée dans le roc vif, conduit aux latrines (accès interdit) et aux forges souterraines.
Après avoir écouté les différents commentaires dirigez-vous vers la salle du puits. La station de pompage n'a été mise en
service qu'après 1871.
Le local suivant présente la particularité d'occuper toute la largeur du rocher.

Il servait d'étable, de moulin et d'abri.
Une porte, donnant sur le tunnel de l'entrée principale, permettait aux bestiaux de pénétrer de plain-pied dans l'étable.
Un escalier assure la liaison avec la boulangerie souterraine. Les deux fours, en très bon état, assuraient, après la destruction de la boulangerie du plateau supérieur, la fourniture en pains de toute la garnison.

Pour éviter la moisissure de la farine, les sacs étaient stockés dans une grande pièce aménagée au-dessus des fours.
Avez-vous remarqué l'odeur du pain frais qui emplit le local?
La salle suivante est une immense halle qui servait de dortoir à huit cents hommes de troupe durant le siège.

Le froid, que les quatre cheminées n'arrivaient guère à chasser, la promiscuité, les mauvaises odeurs provenant de l'étable,

le bruit, la lumière blafarde, la longueur du siège constituaient une dure épreuve pour les assiégés.

Certes, elle était compensée par la sécurité qu'offrait ce dortoir qu'aucun obus ne pouvait atteindre.
La dernière salle est incontestablement la plus belle. Semblable à une crypte romane, elle est à échelle plus humaine.
Bien que nettement plus petite et nettement moins haute, elle comporte néanmoins quatre cheminées...

C'était le dortoir destiné aux officiers.
Le spectacle audiovisuel, qui vous a fait revivre sous une forme réaliste - comme si vous y étiez - la guerre 1870-71,

se termine ici. Témoin de l'horreur et symbole du courage et de l'abnégation, la Citadelle se veut être, aujourd'hui, un lieu de rencontre montrant l'absurdité de la guerre et prônant l'amitié entre les peuples.
Ici se termine aussi le long circuit des sous-sols; il ne représente que le tiers du complexe souterrain.
Avant de le quitter, on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée admirative pour les ingénieurs de Louis XV qui, il y a deux cent cinquante ans, conçurent ce chef d'œuvre de fortification souterraine qui sut braver et le temps et les bombardements les plus violents.